SCAPHANDRES ET « PIEDS DE PLOMB »
Il serait intéressant ici de comparer le scaphandre Cousteau-Gagnan avec ceux en usage avant lui. Les scaphandres à casques, élu type Siebe ou Denayrouze sont des appareils compliqués, lourds, nécessitant un entraînement poussé de la part du plongeur, l’aide d’un personnel exercé et un matériel coûteux. Revêtu de tricots de laines, de l’« habit » caoutchouté et de la chape de bronze se boulonnant sur les épaules et nommé « pèlerine », chaussé de lourds brodequins plombés et coiffé de l’énorme casque à hublots, l’homme est moins que jamais semblable à un poisson… En outre, pour explorer l’étendue sous-marine, il lui faut posséder une technique particulière. Il doit régler avec soin le volume d’air contenu dans l’habit. Si l’on chasse cet air, on descend. Si on le laisse s’accumuler, on remonte. Pour jouer à ce petit jeu, on manœuvre une soupape située à l’intérieur du casque, à l’aide de la tête.
Ces différentes pratiques comportent certains dangers, dont le plus redoutable est le « coup de ventouse », nommé « squeeze » par les Anglo-Saxons.
En anglais, « squeeze » signifie « écrasement ». Aucune expression n’est plus juste. Lorsque la pression de l’air à l’intérieur de l’habit devient trop faible pour équilibrer la pression extérieure de l’eau, la combinaison caoutchoutée se plaque au corps, le casque et la pèlerine pèsent soudain lourdement sur les épaules du scaphandrier. Celui-ci s’enfonce aussitôt. Dans le casque, une dépression se forme, le rendant semblable à une énorme ventouse. Tout le sang est aspiré vers la tête. Les poumons se vident de leur air. Le casque et la pèlerine, devenus soudain plus lourds, peuvent briser des côtes ou les vertèbres cervicales. En général, un accident de cette sorte se produit lorsqu’un scaphandrier doit descendre trop rapidement, ou quand il fait une chute du haut d’un rocher ou du pont d’une épave.
Si l’on s’imagine que le scaphandre à casque, avec sa corde de sécurité, présente relativement peu de risques, que l’on se détrompe donc. Le métier de scaphandrier est un métier dangereux et, chaque année, des accidents mortels se produisent.